23 Juillet 2012
Depuis toujours j’avais un petit bouton sur le ventre, à
l’intérieur de la cuisse gauche. Il n’était pas gênant et me faisait une sorte
de coquetterie. Comme une mouche dans le temps ou un piercing maintenant. Mais
hier alors que j’étais sur le dos pour que mon pote me caresse le ventre,
celui-ci a plissé les yeux, écarté mes poils autour du bouton.
« Bizarre » qu’il a dit. « Il était beaucoup plus petit avant.
Tout à l’heure à la fin de la balade : chez notre copine la véto »
- Ca me parait moche, qu’il lui a dit.
- C’est moche, qu’elle lui a dit
- Faut opérer ?
- Ca serait plus sûr. Vous
pouvez l’amener demain à neuf heures ? A jeun.
- Pas de problème. A demain
Madame.
C’est net, rapide, précis. Et c’est encore moi qui vais
déguster ! Y en a marre. M’enfin peuvent pas laisser mon bouton
tranquille. Je ne le sens pas. Et puis je sais ce que ça veut dire à jeun
maintenant. Et je n’ai pas besoin de faire un régime.
Alors ce matin on s’est levé une demi-heure plus tôt
(hihihi, bien fait pour lui, il a qu’à me laisser tranquille) Et après avoir
fait comme un matin ordinaire SAUF manger pour moi, nous sommes allé chez la
véto. Elle m’a fait des tas de câlins, m’a parlé gentiment. Tu parles, comme si
je me doutais pas de quelque chose.
-Vous pouvez venir la
chercher vers quinze heures.
-Bien. Elle va me manquer.
Ça c’est gentil. Ca réconforte. Mais la véto a dû tirer
pour m’emmener. J’avais un peu les chocottes. Et je crois que j’avais
raison : je me suis senti partir dans les vapes, un grand trou noir.
Quand je me suis réveillé je ne sais pas combien de
temps plus tard, c’était brumeux dans ma tête. Quelque temps après j’ai entendu
la voix de mon pote. Encore dans un léger brouillard, mais ça m’a fait
drôlement du bien. Il m’a bien entortillée celui-là. Ils ont discuté encore
quelques instants, ce n’était pas quand sert Igène. Je vous avoue que je n’ai
pas trop bien pigé. Pour rentrer chez nous j’avais un peu de difficultés. Le
pote s’en ai bien aperçu et a marché doucement, comme un petit vieux. Je me
marrais presque dans mon brouillard. On s’est arrêté trois fois à l’ombre en
trois cent mètres. Il me disait tendrement de me coucher. Autant vous dire que
j’obéissais sans broncher.
Ah que ma vieille couverture
m’est douce dans mon reste de nuage. Le plus enquiquinant c’est que j’ai
tout de même réussi à comprendre que je
ne mangerais encore rien ce soir. Y en a marre !!